EXPLORER

"FRAGMENTS ATLANTIQUES"
NICOLA LO CALZO
12 MAI - 13 JUILLET 2022
VERNISSAGE : JEUDI 12 MAI 2022  18:30

Photographe, artiste queer et chercheur (ENSAPC CYU) dont le travail s'inscrit à la fois dans le champ des arts visuels et celui de la photographie documentaire, Nicola Lo Calzo s'intéresse aux relations entre photographie, mémoire et pouvoir. Son travail porte sur les usages de la photographie pour questionner la mémoires des groupes subalternes. Depuis 2010, il est engagé dans un projet photographique sur les mémoires de l'esclavage et de ses résistances, le projet CHAM ou KAM. Ce projet a été nommé pour le prix Elysée et le prix Niépce. Son dernier livre Binidittu, vient de paraître aux éditions L'Artière. Nicola Lo Calzo est également un collaborateur régulier de la presse internationale, dont Le Monde, The New Yorker, Internazionale.

Fragments Atlantiques

En parallèle de l'exposition "Marronnage, l'art de briser les chaines" à la Maison de l'Amérique latine à Paris, la galerie Dominique Fiat propose l'exposition "Fragments Atlantiques"qui rassemble une sélection des tirages issus du projet KAM, notamment des séries Tchamba, Agouda, Regla, Obia et Binidittu.

Développé par chapitres, ce projet couvre différents territoires d'Afrique de l'Ouest, d'Europe, des Caraïbes et des Amériques, prenant la forme d'un projet ouvert et évolutif, à travers une approche comparative, multi-située et micro-historique. Dans chacune des séries, Lo Calzo vise à faire émerger une contre cartographie des corps et des esprits résistants, face à l'abyme historique de l'esclavage et de la déportation atlantique.

La recherche de Lo Calzo se focalise principalement sur les mémoires de la résistance à l'esclavage, en grande partie fondées sur des sources non officielles et non écrites, ou plus rarement sur des sources écrites mais majoritairement du point de vue des élites dominantes. Ces mémoires s'inscrivent et s'incarnent dans une multitude de pratiques culturelles, musicales, religieuses et martiales qui vivent de part de d'autre de l'Atlantique : la religion Abakuá à Cuba (Regla, 2016), les savoirs de l'obia en Guyane (Obia, 2015), le vaudou tchamba au Togo (Tchamba, 2017), le culte de Benoît le Maure en Amérique latine et en Sicile pour ne citer que celles présentées dans le cadre de cette exposition. Elles nous restituent au plus près le point de vue du lion selon les mots de Chinua Achebe :"Tant que les lions n'auront pas leur propre histoire, els histoires de chasse seront écrites à la gloire des chasseurs".

En utilisant la photographie documentaire, complétée par des légendes élaborées et des informations contextuelles approfondies, des interviews et des enregistrements, Nicola Lo Calzo nous rapproche de ses pratiques en nous proposant de les penser "liées, reliées et relayées" (Touam Bona, 2021) entre elles, tout en prenant en compte leurs propres spécificités. Il propose aussi de les appréhender au regard de la valeur culturelle, symbolique et mémorielle revendiquée ou reconnue par les communautés ou les groupes eux-mêmes et à la fois, au regard de la valeur patrimoniale et historique accordée par la société et les instances locales, nationales et internationales.

En ce sens, les pratiques mémorielles photographiées par Lo Calzo sont à la fois des subcultures vivantes, des patrimoines immatériels à protéger et des archives vivantes à appréhender.